ANTOINE MANGA BIHINA
« A Ndie », Mon Cher et Bien-Aimé Neveu
« PAUCA MEAE »,
’est cédant à la résistance obstinée des souvenirs de nos relations que je formule ces quelques mots, mots d’une conscience certes attristée mais consolée et réconfortée par ce que nous aurons partagé ensemble, dans nos efforts de marcher sur les traces des vertus théologales que sont la foi, l’espérance et la charité. Je m’octroie la permission de dire de toi ce qui se découvrait chez cet homme que tu fus, à la perception de mon jugement :
ELOI MESSI METOGO : LA JOIE AU QUOTIDIEN.
J’ai eu de toi, l’idée d’un homme dont on doit se souvenir et pleurer lorsqu’on l’a rencontré. Cet homme à l’apparence débonnaire mais profond et réfléchi dans ses vues, ses analyses, ses convictions cimentées par des principes fermes et résolus compatibles avec les préceptes évangéliques et la sagesse logée dans la culture béti. A ce niveau, tu avais cette joie qui permet d’être constructif et intellectuellement productif, affable et généreux envers les faibles qui n’étaient pas seulement les tiens proches. Tout ce que tu avais, tout ce que tu savais, tout ce que tu pouvais à ton niveau, tu avais à cœur de le partager, ceci dans la joie. C’est ce que j’aperçois dans tes attitudes de brillant causeur, plaisant blagueur qui se donnait toujours le temps de prendre la vie du bon coté , disposant en cela d’une force tranquille qui savait banaliser les critiques , transcender les injures et mépriser les calomnies.
La joie, je l’ai trouvée dans la fierté que tu avais de tes origines familiales. Noble Béti, digne fils des Etenga et valeureux neveu des Mvog-Manga, tu n’as rien sacrifié ni prostitué de cela dans les tentations de l’assimilation, les dispersions et vagabondages dans d’inutiles syncrétismes, les gesticulations ostentatoires et vantardes d’un intellectuel de haut niveau parce que formé, compétent et compétitif. En un mot, parvenu aux cimes et sommités de la connaissance humaine. La vie, tu la prenais sans complexe et dans sa simplicité. Fier de toi mais pas imbu, je n’exagère rien en disant que tu vivais tout cela dans la joie.
La joie, je vais la chercher dans ta manière de servir l’Académie qu’attestent la scientificité de tes enseignements, de tes nombreuses publications et contributions à la formation intellectuelle ( goût du travail bien fait et réussi), morale( sens de la correction, de la droiture et de l’intégrité), civique ( multiples rappels des exigences d’une conscience civilement et patriotiquement responsable), spirituelle ( exemples de piété et d’activation des béatitudes), des jeunes qui se plaisaient à être avec toi pour t’écouter et pourquoi pas t’imiter afin de parvenir à la hauteur de ton intellectualité toujours positivement flamboyante.
Tout se passait comme si tu appliquais à la lettre cette recommandation : « Soyez les pasteurs du troupeau de Dieu qui se trouve chez vous en devenant les modèles du troupeau » (1 P 5).
La joie ne fut pas de reste vue la qualité du service que tu rendais à l’Eglise. Je veux en trouver la preuve dans la fidélité manifestée envers la Congrégation des Dominicains dont tu voulais asseoir le rayonnement, la solidité et l’unité … MALGRE TOUT.
Plus d’une fois, j’ai eu le privilège de goûter à l’agréable saveur de tes homélies, de bénéficier des justes attentions et patientes écoutes dont regorgeait ton confessionnal et qui parvenaient à convaincre que tu assumais ta vocation sacerdotale comme une CORVEE AGREABLE.
Avec toi, je voudrais dire « Gaudeamus » caressant l’espérance justifiée et confiante que ta joie au quotidien se muera en joie éternelle auprès de ce Dieu qui t’appelle, que tu as servi et qui sauve les pécheurs.
« A Ndie » Mon Cher et Bien-Aimé Neveu, repose en paix !